France-Soir
Roumanie : George Simion en tête des sondages appelle aux observateurs internationaux pour contrer la possibilité d'ingérence électorale
Bucarest, le 17 mars 2025 – À l'approche des élections présidentielles roumaines prévues pour les 4 et 18 mai 2025, le paysage politique est en pleine effervescence. Après une période de crise marquée par l'annulation du premier tour en novembre 2024 et l'exclusion controversée de Călin Georgescu, favori des sondages soupçonné d'ingérence russe, George Simion, leader de l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), émerge comme une figure centrale de cette course électorale. Dans un communiqué publié ce lundi, son équipe annonce qu'il domine les sondages et appelle à une surveillance internationale pour garantir l'intégrité du scrutin, alors que les craintes de manipulation électorale grandissent.
Les candidats en lice
George Simion, 38 ans, s'est imposé comme le porte-drapeau du mouvement souverainiste après l'éviction de Călin Georgescu. Ancien candidat en novembre 2024, où il avait obtenu près de 14 % des voix avant de se rallier à Georgescu, Simion a repris le flambeau avec une mobilisation impressionnante : 600 000 signatures recueillies en moins de 48 heures pour valider sa candidature. Soutenu par une base militante active, il prône une « Roumanie patriote », s'opposant à l'aide militaire à l'Ukraine et défendant une Europe des nations souveraines.
Face à lui, d'autres figures politiques se disputent les suffrages. Crin Antonescu, représentant la coalition proeuropéenne au pouvoir, et Nicușor Dan, maire indépendant de Bucarest, oscillent entre 15 et 20 % dans les intentions de vote, selon les dernières estimations. Anamaria Gavrila, du Parti de la jeunesse (POT), également issue du camp nationaliste, s'est alliée à Simion dans une stratégie visant à maximiser les chances de l'extrême droite, bien qu'elle ait promis de se retirer si leurs deux candidatures sont validées. Enfin, Diana Șoșoacă, candidate controversée, estimée prorusse, tente un retour après avoir été écartée par le passé, mais ses chances restent incertaines.
Les sondages : Simion en tête
Selon le dernier communiqué de l'équipe de Simion, il caracole en tête des sondages, porté par un élan populaire croissant. Bien que les chiffres exacts ne soient pas précisés dans le communiqué, des enquêtes récentes, comme celle de l'institut CURS en novembre 2024, le plaçaient déjà à 17 %, derrière Marcel Ciolacu (28 %) mais au coude-à-coude avec Nicolae-Ionel Ciucă. Depuis l'exclusion de Georgescu, crédité de 40 % avant son éviction, Simion semble avoir capté une large part de cet électorat souverainiste. Cette dynamique est renforcée par son discours virulent contre un « système corrompu » et une élite pro-européenne perçue comme déconnectée.
Cependant, les sondages en Roumanie restent sujets à caution, comme l'a montré l'écart entre les prévisions et les résultats du premier tour annulé en 2024. La polarisation entre souverainistes et pro-européens complique encore davantage les pronostics.
Les risques d'ingérence et de fraude électorale
Le spectre de l'ingérence plane lourdement sur cette élection. L'exclusion de Călin Georgescu, accusé sans preuves formelles d'avoir bénéficié d'une campagne massive sur TikTok orchestrée par des intérêts russes, a alimenté les soupçons et la défiance envers les institutions. George Simion, bien qu'il rejette catégoriquement toute accusation de liens avec la Russie, fait face à des critiques similaires de la part de ses adversaires pro-européens, qui le dépeignent comme une menace populiste.
Simion met en garde contre une probable tentative de fraude électorale de la part de l'establishment politique. « Truquer cette élection n'est plus une simple possibilité, c'est une probabilité », déclare-t-il, pointant du doigt des institutions qu'il juge prêtes à tout pour conserver le pouvoir. Il appelle à l'intervention immédiate d'observateurs internationaux neutres pour superviser le processus, du vote au dépouillement, afin de garantir la transparence. « Les yeux du monde doivent être tournés vers la Roumanie », insiste-t-il, soulignant que la légitimité du scrutin est en jeu.
Cette demande fait écho à une montée de la méfiance populaire envers les autorités, exacerbée par la crise démocratique récente. L'annulation du scrutin de novembre 2024 par la Cour constitutionnelle, sans justification claire, et l'interdiction de Georgescu ont été perçues par beaucoup comme des manœuvres politiques plutôt que des décisions juridiques impartiales. Des leaders conservateurs internationaux, comme Santiago Abascal (VOX) ou Mateusz Morawiecki (ECR), ont également exprimé leur soutien à Simion, alertant sur les risques pour la démocratie roumaine.
Le rôle des médias indépendants et des associations
En complément des observateurs internationaux, des médias indépendants et des associations pourraient jouer un rôle clé dans la surveillance de cette élection. Notamment ceux, connus pour leurs attachements aux faits en faisant des enquêtes critiques questionnant les narratifs officiels. Ils pourraient offrir une couverture alternative citoyenne, mettant en lumière d'éventuelles irrégularités ou manipulations ignorées par les médias mainstream. Des associations qui militent pour la transparence et la défense des libertés individuelles pourraient mobiliser des observateurs citoyens pour documenter le scrutin sur le terrain. Ces acteurs pourraient répondre à l'appel de Simion pour une vigilance accrue, renforçant la pression sur les autorités pour un processus électoral irréprochable.
Une élection sous haute tension
À moins de deux mois du premier tour, la Roumanie se trouve à un carrefour. George Simion, avec son discours anti-establishment et son appel à une surveillance internationale, incarne pour ses partisans une chance de restaurer la souveraineté nationale. Pour ses détracteurs, il représente un danger pour l'ancrage pro-européen et atlantiste du pays, membre de l'UE et de l'OTAN. Les enjeux sont d'autant plus cruciaux que la Roumanie joue un rôle stratégique clé, bordée par l'Ukraine et la mer Noire.
« Ce n'est pas seulement à propos de moi, c'est à propos de l'avenir de la Roumanie », conclut Simion dans son communiqué. Alors que les tensions montent et que la communauté internationale observe, une chose est certaine : cette élection sera un test décisif pour la démocratie roumaine. Reste à savoir si le peuple pourra réellement faire entendre sa voix, ou si les ombres de la manipulation viendront une fois encore obscurcir le processus.